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Urbanisme tactique : les artefacts urbains comme vecteur de mobilité durable pour une meilleure qualité de l’air dans la ville de Yaoundé

Cedrix and Christolle Tsambang

Les artefacts urbains, inspirés des symboles locaux et fabriqués en bambou, offrent une alternative durable, abordable et écologique pour un cadre de vie plus sain. Conçus pour encourager la marche et l'utilisation des transports en commun, ces installations éphémères s'intègrent harmonieusement dans l'espace urbain. La fermeture temporaire d'une voie de l'avenue Kennedy a incité les habitants à adopter des modes de déplacement doux, réduisant ainsi les émissions polluantes. Cette démarche souligne l'importance de repenser l'aménagement urbain pour favoriser la mobilité durable et préserver la qualité de l'air. En impliquant les artisans locaux et en utilisant des matériaux biosourcés, cette initiative contribue également au développement économique et à la protection de l'environnement. L'expérience de l'avenue Kennedy démontre le potentiel des équipements urbains pour dynamiser les espaces publics et créer des villes africaines durables et attrayantes.

Une meilleure qualité de vie dans les villes africaines passe par la création d’un cadre de vie plus sain en repensant les pratiques notamment en matière de mobilité urbaine. C’est dans cette optique que s’inscrit les artefacts urbains développés par chorus architecture le long de l’avenue Kennedy de Yaoundé au Cameroun à l’occasion de la semaine de la qualité de l’air. Il s’agit d’une scénographie inspirée de symboles locaux obtenus par une combinaison contemporaine de lignes ou de faces en tiges de bambou. Le bambou plébiscité pour ses propriétés et son attrait dans la mutation vers une architecture durable se présente ici comme une alternative verte, accessible, disponible et abordable. Plus que de simples mobiliers urbains, les installations éphémères conçues sont le reflet du lieu.

Vue sur l'avenue kennedy réamenagé, 2021, alaray studio

Les artefacts urbains ont été conçu pour la mise en place d’une Opération d’urbanisme tactique qui entre dans le cadre de la réalisation des actions à court terme du projet de mise en place des outils de lutte contre la pollution atmosphérique dans la ville de Yaoundé.

Au cœur de l’enjeu de transition écologique, la qualité de l’air apparaît comme un sujet très important pour la protection environnementale. Mettre sur pied une politique en faveur de la protection de la qualité de l’air doit s’inscrire dans une dynamique globale et nécessite des actions ambitieuses à toutes les échelles, afin de garantir à chacun le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. Le concept de mobilité durable comprend une réflexion sur l’environnement et les problématiques de développement durable en repensant l’aménagement du territoire et de l’espace urbain. Il s’agit de limiter l’empreinte carbone et de réduire les inégalités territoriales dans les zones mal desservies par les transports, en mettant en place des solutions qui favorisent le recours aux mobilités douces.


Le dispositif de lutte contre la pollution de l’air dans ce projet s’organise autour de la réduction des émissions atmosphériques causé principalement par le trafic routier, source importante d’émissions d’oxyde d’azote. L’augmentation de l’utilisation des transports en commun engendre un désengorgement sur les routes et réduit donc les substances polluantes dans l’air. Dans le centre-ville de Yaoundé les principaux transports en communs sont les taxis et les bus. Encourager à la marche serait également moyen d’améliorer la qualité de l’air tout en étant un excellent moyen de se maintenir en forme, de s’évader du quotidien tout en respectant l’environnement.

Le choix du site n’est pas anodin, l’avenue Kennedy lieu mythique de la capitale est situé en plein cœur de Yaoundé et est un endroit très indiqué pour un projet de sensibilisation car toutes les couches sociales s’y côtoient.



L’objectif des artefacts urbains est de contribuer à aménager des espaces urbains favorables à la mobilité douce tout en mesurant grâce à des capteurs la qualité de l’air. Il était donc question de fermer l’accès aux véhicules sur une des voies de l’avenue Kennedy pendant deux semaines afin d’inciter les habitants de la ville à plus de marche à pied et l’utilisation des transports en communs. Afin de favoriser une marche agréable et effective sur une avenue de plusieurs kilomètres tel que celle de l’avenue Kennedy il est important de créer des zones de rupture, de pause : créer des obstacles tels que des mobiliers urbains utiles afin d’agrémenter la marche et la rendre dynamique.

Le mobilier urbain est donc tout à la fois porteur d’une approche fonctionnaliste et le vecteur d’une identité du projet. Le mobilier de l’espace public fait d’ailleurs aujourd’hui l’objet d’attentes qualitatives fortes en tant que véritable outil d’aménagement urbain. Il existe dans la définition même du terme « mobilier urbain » la volonté d’harmonisation, d’homogénéisation et d’appartenance : des objets rendant service, venant faciliter et embellir la vie des citoyens d’une ville.  Pourtant, il semble que le mobilier urbain lorsqu’il existe est trop souvent le produit d’usages spécifiques très déterminés, qui ne laisse pas suffisamment place à des questions plus larges sur la nature de ces usages mêmes. Chorus architecture a donc designer des artefacts en guise de mobiliers urbains afin de susciter de l’interrogation, de la surprise et de la curiosité pour expérimenter de nouvelles pratiques et mettre sur pied de nouveaux concepts en amenant à remettre en question notre compréhension de la réalité afin de réintroduire l’humain dans l’urbain.

Conçus et fabriqués localement avec des matériaux biosourcés de ces artefacts urbains ont permis de développer et mettre en avant le savoir-faire local en intégrant différents types d’artisans, créer des emplois tout en participant à la protection de l’environnement. En optant pour du mobilier en bambou, les artefacts concilient élégance, originalité et engagement contre la déforestation dans une perspective de développement durable.


Vue sur une partie de la scénographie, 2021, alaray studio

Grace aux capteurs installés dans la zone, il a été clairement démontré que la qualité de l’air à considérablement été améliorer durant ces deux semaines d’études. Ceci permet de constater l’impact sur la circulation automobile dans la ville et révéler l’importance et surtout l’efficacité des aménagements effectués.

L’attrait généré par l’installation de ces équipements urbains démontre de la nécessité de réinventer nos villes en mettant un accent sur la conception de détails dans les espaces publics. De plus, des équipements urbains comme ceux-là constituent une plus-value notable pour les municipalités, et ce, quelle que soit leur taille ou leur importance. Si certains éléments présentent un aspect pratique, comme ces mobiliers urbains, de nombreux autres aménagements peuvent permettre de dynamiser la vie communale.


Penser des villes africaines durables passent également par la re conception des espaces publics en mettant un accent sur l’intégration des éléments qui interpellent et qui communiquent. Cette expérience à l’avenue permet de constater qu’il est possible d’utiliser le savoir-faire local ainsi que les matériaux locaux pour créer des mobiliers urbains intéressant et respectueux de l’environnement.



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